La mise en oeuvre des mesures de limitation thérapeutique en Réanimation selon les termes de la loi n° 2005-370 du 22 Avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie ouvre-t-elle la voie au prélèvement d’organes

Auteur: 
Lesieur Olivier
Date de publication: 
2012

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Résumé: 
La transplantation d’organe est une technique éprouvée permettant d’obtenir une réduction de la mortalité et une amélioration de la qualité de vie chez des patients présentant une défaillance organique en phase terminale. Malheureusement le nombre de greffons disponibles est aujourd’hui insuffisant pour répondre à la demande des patients inscrits en liste d’attente. En France, les organes greffés proviennent essentiellement de donneurs en mort encéphalique. Depuis 2005, le prélèvement d’organes est également envisageable après un décès par arrêt cardiaque brutal, inattendu et irréversible (mort cardiaque). En cas de maladie grave, incurable et rapidement mortelle, il est possible dans certains pays d’arrêter les thérapeutiques qui maintiennent artificiellement un patient en vie et de prélever ses organes une fois le décès constaté. Jusqu’en 2005, ces pratiques n’étaient pas juridiquement encadrées en France. La loi n°2005-370 du 22 Avril 2005 autorise désormais l’arrêt des traitements lorsqu’ils apparaissent « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie ». Pour certains, cette fin de vie médicalement planifiée devrait prendre en compte les volontés du patient en matière de don d’organes. La position française reste néanmoins de ne pas considérer le patient en fin de vie comme un donneur potentiel « afin d’éviter toute confusion entre une décision d’arrêt des soins et l’intention d’un prélèvement d’organe ». En pratique, il nous semble que les circonstances habituelles d’une fin de vie programmée en Réanimation (patients concernés, modalités de limitation thérapeutique) ne se prêtent pas naturellement au prélèvement d’organes après arrêt des suppléances vitales. Dans une étude prospective monocentrique, nous avons évalué sur une courte période l’éligibilité théorique au don d’organes de nos patients en limitation thérapeutique. En même temps, nous avons recensé dans quarante-deux services de réanimation français les procédures décisionnelles en matière de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques. A la lumière des résultats obtenus, nous soulignons les aspects pratiques, juridiques et éthiques du prélèvement d’organe en situation de fin de vie « contrôlée » en centrant notre discussion sur l’accompagnement du mourant, le diagnostic de la mort et la temporalité du prélèvement. Seule une étude multicentrique observationnelle des pratiques de limitation thérapeutique en Réanimation permettra de dénombrer et de caractériser les patients potentiellement éligibles au don d’organes après une mort cardiaque planifiée.
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